Pauline Decaux 

Escurial est un projet né dans le cadre du double diplôme Lettres modernes et Art du comédien proposé par l'Université de Bourgogne et l'Université de Craiova, en Roumanie. L'échange entre les deux universités nous a permis de bénéficier d'une formation complète articulée sur deux années associant théorie et pratique. C'est en Roumanie que nous avons découvert l'utilisation de la marionnette sur l'espace scénique et l'oeuvre de Michel de Ghelderode.

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La première lecture d'Escurial nous a frappés par ses personnages déchirés, par ses jeux de dissimulation et par sa brutalité qui révèle l'humanité dans toute sa cruauté. Quand nous avons commencé à nous pencher sur le texte pour en déceler ses mouvements, la question de la re-présentation nous a semblé pertinente, le masque et la marionnette se sont imposés à nous comme une évidence.

Un roi cynique hanté par les fantômes du passé, un bouffon sensible secrètement amoureux de la reine, un moine faussement dévoué à ses rites, un bourreau impitoyable, tous endossent les rôles que la cour impose en tachant toujours de travestir leur véritable psychologie. La reine n'est plus qu'une ombre, absente sur le plateau et pourtant omniprésente dans l'esprit des protagonistes. Épris de désir et de jalousie, le roi et le bouffon sont tous les deux des marionnettes manipulées par la reine depuis son lit de mort. Ils s'adonnent alors à un jeu cruel, celui d'échanger leurs rôles :

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« Dans mon pays, au temps du Carême, on choisit un innocent, on le nantit d’oripeaux, une couronne, un sceptre. Et de cet innocent, on fait un roi ! Un roi qu’on fête et qu’on mène à son trône illusoire. »

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L'enjeu est simple, celui qui s'empare de la couronne aura le pouvoir et la reine.